Vidéo de la semaine : The Man I love

Extrait de Nelken (Les Oeillets), spectacle de Pina Bausch en 1983.

The Man I love de Gershwin en langage des signes.

Pour la petite histoire, la raison pour laquelle le danseur Lutz Förster chante la célèbre rengaine de Gershwin en langage sourd et muet, reprise entre autres by Miles Davis, Billie Holiday, Kate Bush et Hindi Zahra, c’est que Pina Bausch avait demandé à ses interprètes pendant le processus chorégraphique de Nelken « de quoi êtes-vous fiers? ». Et Lutz Förster avait dit être fier de savoir interpréter « The Man I love » en langage des signes.

Un principe de création cher à Pina Baush était un jeu de consignes et de questions posées à ses danseurs (quelques exemples ici). Les réponses de ces derniers constituaient le fil conducteur de la chorégraphie. Ainsi, Pina basait ses oeuvres sur l’histoire des danseurs, leur vécu, leur passé, leur perception du monde et des relations humaines…. Si on énumère quelques consignes de Pina Bausch sous la forme d’une liste, comme l’a fait Brigitte Gauthier dans son livre sur le langage chorégraphique de la chorégraphe, ceci permet de mettre en lumière le caractère tragicomique, doux-amer, poétique et éclaté de ses propositions, qui oscillent en permanence entre la joie, le plaisir, les bonheurs simples, la sérénité, d’une part, et le mal-être, l’angoisse, la souffrance, les désillusions d’autre part. Cet état de déséquilibre constant, de ruptures, de fins abruptes de périodes de grâce, très présent dans les pièces de Pina Bausch, a amené Brigitte Gauthier à écrire « À un détail près, à une seconde près, à un regard près, ces danseurs-funambules de l’âme peuvent se briser ».

Cette séquence de Nelken figure aussi dans le documentaire de Chantal Akerman (extrait ici), « Un jour Pina a demandé ».

Et vous, que savez-vous dire en langage des signes? Un merveilleux danseur sourd-muet rencontré à Beyrouth m’a appris à interpréter « Merci pour la danse » en langage sourd-muet. C’est une des choses que je sais faire dont je suis fière. Et vous, de quoi êtes-vous fier?